Depuis le temps qu’on en parle avec Jérome, ça y est on y est aux Templiers.
Arrivée le jeudi après-midi, petite sieste puis récupération des dossards à l’impressionnant village des partenaires.
La météo s’annonce catastrophique et je n’ai pas la veste qu’il faut. A la fermeture du magasin, je craque sur une veste Salomon soit disant breathable et waterproof, on verra plus tard qu’on ne doit pas avoir le même sens des mots.
Le soir on transfert les sacs d’assistance à mon papa qui va les trimballer toute la journée, il est autant super content d’être là.
4h du matin, sur la ligne de départ et heureux comme des gamins on s’élance doucement, doucement, ...., qui va piano va sano.
Montée de Carbassas, plateau, descente sur La Cresse en mode cool Raoul. La pluie nous rejoint et je sors ma Salomon « étanche ».
La Cresse, 1° ravito, mon papa est là mais pas les barres de céréales, elles ont dû rester dans le coffre de la voiture, l’assistance familliale commence bien.
Je laisse l’appareil photo, il pleut trop.
Récupèration des batons, passage non prévu par la table ravito et ça repart.
Toujours dans la nuit, les jambes répondent bien, bonne montée, descente cool, re-bonne montée, re-descente cool et on arrive Mostuéjouls, 2° ravito au 42°km. Les barres de céréales ont été retrouvées. Toujours sous la flotte la veste est moins étanche.
On attaque des parties plus techniques avec la montée sur Liaucous. En fin de montée je double un « gros lourd », un type style 1m85 bien costaud, trop bavard à mon gout et qui me lance « dans 5’ je te repasse ». J’suis dans ma course et l’entends à peine.
En haut malgré la pluie c’est superbe, belle vue sur les gorges du Tarn, chemin en plateau valonné puis on redescend.
Monsieur Gros-Lourd me repasse « Je t’avais bien dit que je te doublerai rapidement ». Moi : « t’inquiètes on va bientôt se revoir ». Il me prend facilement quelques dizaines de metres et disparait de ma vue jusqu’à ce que je le reprenne quand c’est plus rocailleux et technique.
Moi : « Ca va ? », Lui : « Evidement avec des batons c’est plus facile ». Je dis rien et n’en pense pas moins. T’avais qu’à les prendre les batons mon gros.
Le Rozier, 3° ravito, 52°k à mi-parcours, tout va bien et il pleut toujours.
A la sortie du Rozier dans la montée, première erreur de parcours, quelques centaines de mètres en trop, quelques minutes de perdues.
La montée qui suit est moins facilee que les autres, la sensation d’aisance vient de s’envoler.
Arrivée sur le plateau, les jambes sont toujours là pour courir, j’envois, remonte et revois mon Gros. Il a dû me passer quand j’étais sur le trône au dernier ravito. C’est pas sport de sa part.
Je le passe, il me reconnait et engage la conversation. Merde. J’accélère. Lui aussi. Arrêt pipi, il doit être deçu le pauvre.
St André de Vézines, 4° ravito, tout va toujours bien dès qu’il faut courir.
Je laisse à mon papa ma veste Salomon « super pas étanche » et repars à sec avec ma Quechua. Est-ce que ça vaut le coup de craquer plus d’argent que nécessaire dans des marques au marketing agressif quand DKT sort des produits pas si dégueux que ça ? Vaste débat pour nos futurs apéros ...
La suite sur plateau est de plus en plus ludique, enchaînement de single dans les bois, en bord de corniche, passage sous des arches naturelles, au milieu de gros blocs de rochers, du bon plaisirs.
Sur la fin c’est un peu plus chaud et deux nouvelles erreurs de parcours viennent signaler un début de fatigue à la course. Ca fait environ 70km dans les pates et ça me convient bien ainsi.
Descente technique puis bien roulante et arrivée en 11h au 5° ravito à Laroque St Christophe sous une pluie de plus en plus intense.
Le redémarage est plus difficile et la raide grimpette sur Pierrefiche compliquée. Les montées seront définitivement à ranger dans la catégorie « à la rue ».
Maintenant qu’il ne reste plus que 30bornes, je consens à faire quelques calculs et conclus qu’il est possible de terminer en moins de 16 heures. Motivation.
Sur le plateau, j’envois tout ce que j’ai dans des chemins transformés en ruisseaux. Descente tout en single technique puis boueuse. Un collègue me passe, on s’accroche et ça roule bien. En arrivant à Massebiau ça coince un peu dans les rouages et je prends mon seul gel du parcours avant la dernière montée sur Le Cade. J’avais promis d’arrêter ces saloperies, c’est presque gagné.
Début de montée très difficile, je laisse filer 2 collègues et repense au dernier compte rendu de Sèverine : « reconcentre toi sur ta course », baisser la tête, faire un pas puis un autre autre, s’économiser, s’alimenter et doucement je reviens sur eux, ils sont cuits, je les passe et continue. Sur le plateau je cours encore, j’accélère jusqu’au ravito de La Cade dans une ancienne ferme Caussenarde toute de pierre du sol à la toiture, magnifique.
Ravito très rapide, je donne tout l’inutile à mon papa, sors la frontale et repars aussi sec.
J’envois tout ce que j’ai et pourtant il ne reste plus grand-chose dans le réservoir.
Le chemin est parfois difficile à trouver dans le noir, au détour d’un single on aperçoit Millau et son viaduc illuminé de bleu, ça motive. Encore s’accrocher, c’est jouable.
La descente se présente, d’abord roulante puis boueuse, très boueuse, trop boueuse. Avec la fatigue et les batons que je n’ai pas la présence d’esprit de ranger c’est casse gueule et je n’avance plus. Une chute, puis deux, puis trois. Ch’cuit et les moins de 16heures aussi.
Dernier plaisirs, le passage par la grotte du hibou, très sympa.
On reprend enfin un chemin plus stabilté, encore un effort, la sono crache.
Allez c’est fini avec un méga sourire aux lèvres.
Je sers mon papa dans mes bras et pour une fois ce n’est pas moi qui ai les larmes aux yeux. Malgrè la pluie, le froid et le manque de sommeil le virus est inoculé. Mission réussie. Il sera récompensé par un diplôme « Assistant en Ultra-trail » avec mention « Excellent » au prochain repas de famille à la toussaint.
Heureux d’avoir sû gérer cette première longue distance, toujours courru quand c’était possible, bien descendu, bien alimenté, pas de bobo, pas de problème gastrique et un chrono tout à fait honorable.
Jérome arrive 3 heures plus tard, content de sa course, bon rythme jusqu’à St André de Vézines puis un peu plus difficile par la suite avec toujours la faculté à courrir jusqu’à la fin. Bonne course en somme.
On passe le samedi à Millau où au resto on donne les dossards à Jean-Phi et son pote pendant qu’on se goinfre d’aligot et de banana split. Retour le dimanche sous un beau ciel bleu et avec un immense sourire sur nos visages fatigués. Vivement la prochaine fois.
Avec 9 courses au programme, de la KinderTrail à l’Ultra en passant par 23k, 26k, 42k, 72k, Les Templiers feraient un bon week-end club et c’est vraiment le temple du trail. A méditer.
Les dates sont déjà fixées.